dimanche 2 mars 2014

Journal d'un pyromane


Certains aiment la mer et moi la terre enflammée,

Je préférais les monts et toi les lisses galets,

Nous nous sommes dit au revoir d'une voix trop pâteuse,

Avec ces mots absurdes lâchés au téléphone,

Des mots et des indices pêle-mêle, des phrases douteuses,

Ensuite je suis disparu, le ciel était morne,

Si tu me le demandes, je m'exile sur un phare,

Perdu dans la houle, dans un brouillard blafard,

Il n'y aura que l'humidité que je redoute,

L'océan, ses confins cyan dessinant mes doutes,

Toi tu ne sera plus jamais femme de marin,

Et moi j'aime une sirène qui ne me doit rien,

Mais sur cette aire d'autoroute, le tintement des néons,

Me rappelle que la paix ne sera pas durable, eh non,

Parce que mes braises ne sommeillent, elles sont incandescentes,

Un volcan de magma toujours plus bouillant, plus violent,

Même si mes sentiments connaissent des montées, des descentes,

Mes entrailles, elles, se sont retenues affreusement,



J'ai les yeux piqués par la fumée, autodafé de mes pensées,

Je ne sens plus les ampoules des brûlures, mon estomac altéré,

Puis je vais chasser mes idées noires et mettre un peu de baume au cœur,

Déraciner ce qui fait ombrage à ma liberté, mes humeurs,



Les vrais adieux c'est quand on oublie les détails,

Ou quand un jour on ne reviens plus au bercail,

Je me rappelle des aspérités de ta chambre,

Et des promesses dans le creux de ton oreille,

Quand au soleil levant ta peau devenait ambre,

Que des souvenirs qui investissent mon sommeil,

Dîtes-moi, dois-je choisir l'amour ou les flammes tout court ?

Dans le doute je préfère courir, je cours toujours,

Un jour la solitude me fera changer d'idée,

Tes sentiments se seront peut-être dilués,

Tu ne croira certainement pas un traître mot,

Mais nous sommes complémentaires comme le feu et l'eau,

Ainsi que l'air ou la terre, le mutisme et la parole,

Les hirondelles qui se cherchent, et le briquet et l’alcool,

Je te vois, tu coches les jours sur ce vieux calendrier,

Je ne désespère pas de revoir ce que je laisse derrière,

Cet appart' avec des vues sur la mer, ton cendrier,

Des souvenirs salés sous les halos des lampadaires,



J'ai les yeux piqués par la fumée, autodafé de mes pensées,

Je ne sens plus les ampoules des brûlures, mon estomac altéré,

Puis je vais chasser mes idées noires et mettre un peu de baume au cœur,

Déraciner ce qui fait ombrage à ma liberté, mes humeurs,



Depuis j'ai cramé une bibliothèque, une mairie,

Aujourd'hui, l'épave d'une maison de poutres pourries,

Je remue peut-être le couteau dans la plaie,

Dans ce tumulte profond c'est facile de flancher,

Je suis tout feu tout flamme, je sais ce qui est vrai,

Mais par saccades j'arrive enfin à respirer,

Mes pupilles sont des explosions scintillantes,

Des feux d'artifices et des coulées brûlantes,

Des embrassements confus, des embrasements,

Des flammes enragées et orangées, un torrent,

Et le claquement de mon briquet m'accompagne,

Je suis chamboulé et intoxiqué de hargne,

Mais je reviendrai et mes mains sentiront la poussière,

Les sentiments en bataille, les cheveux couverts de cendres

Je reviendrai sans avoir à surveiller mes arrières,

Avec un bouquet de violettes pour que tu n'aies plus à m'attendre,



J'ai les yeux piqués par la fumée, autodafé de mes pensées,

Je ne sens plus les ampoules des brûlures, mon estomac altéré,

Puis je vais chasser mes idées noires et mettre un peu de baume au cœur,

Déraciner ce qui fait ombrage à ma liberté, mes humeurs.

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