à
Amy Road...
J'attends le ferry dans
une Renault de tôle bleutée,
Dans le ciel les mouettes
se font bercer par l'air iodé,
J'irais aussi loin que
voudrons me porter ces quatre roues,
Peu importe comment, une
chose est sûre : j'irais jusqu'au bout,
Aujourd'hui, le soleil
couchant m’accueillera à Tanger,
Sur le pont, lumière
cinglante et envie d'arriver,
Meknès et Fès
m'attendent et dans quelques mois je serais parti,
Pour Manhattan,
Johannesburg ou encore vers l'Asie,
Si tu me cherches suis mes
empreintes dépareillées sur la plage,
On parlera avant l'arrivée
des ombrageux orages,
Tu verras peut-être que
je ne suis pas comme on le dit,
Ils disent que je suis
brusque, sauvage et même impoli,
Que je fuit l'amour et
déteste les mioches et l'armée,
Que je n'ai qu'un cœur de
roc dans un corps névrosé,
Certains pensent que le
Mistral m'a fait perdre la raison,
Que je n'ai pas
d´équilibre et vis au grès des saisons,
Aussi que de ma bouche ne
sortent que des mots impies,
Que j'en vient à être
paradoxal et n'ai pas d'amis,
Pour mes détracteurs
j'étais un danger pour la vie civile,
« À plus jamais
Billy Bruyère » me disaient-ils,
C'est pourquoi je suis
parti il y a quelques années déjà,
Ce jour de décembre où
la pluie glissait sur les toits,
Pour les miens, cette
pluie est une véritable source de vie,
Sous les gouttes
éclatantes j'ai dû dire adieu à mon pays,
Souvent ils ont voulu me
priver des confins de la mer,
Mais désormais je préfère
refouler les mots amers,
Même s' ils ont voulu
faire oublier chaque pore de ma peau,
Par monts et par vaux j'ai
laissé une trace de mon écho,
Je suis un exilé partout
et nulle part à la fois,
Un chien lassé d 'une
société qui dicte ses lois,
Une société qui ne veut
que torpiller notre âme d'enfant,
Avec des responsabilités,
un boulant accablant,
Usant nos os et notre âme
pour des boss à la con,
Mais alors si l'on aime
pas ça, pourquoi le fait-on ?
Face à nous notre vie :
on ne sait par où il faut qu'on la mène
Il faut choisir :
Faire honte ou servir la nature humaine ?
Chacun sa réponse mais
s'il vous plaît, laissez-nous choisir,
Laissez-nous penser, en
fin de compte, laissez-nous grandir,
C'est l'impatience
tyrannique des montres que je fuit,
Me perdant partout, un
déserteur moderne je suis,
Mais je penserais à vous
ce soir face à la grande ourse,
Dans les champs de
coquelicots, face aux vagues et leur mousse,
Marchant dans le Rif
marocain, les pieds dans les genêts,
Chantant sous les étoiles
lors des longues veillées,
J’ôte mon manteau dont
les manches sont déjà bien usées,
Les bottes qui tant de
ruisseaux m'ont aidé traverser,
Les chaussettes qui depuis
des mois ne quittent plus mes pieds,
Des objets fétichistes
dont je ne m'étais jamais séparé,
Je me retrouve face à ce
monde qui est si étendu,
Mais aussi face à vous la
main sur le cœur, l'âme à nu
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire