Un slam d'Atacama...
Doigts
de Pianistes
Au
ciel une nuée noire
Au
sol la tôle qui se tord
Des
silhouettes dans le soir
Des
voix qui hurlent à la mort.
Les
pas de quelques courageuses âmes accourent
Tendant
vers lui leur main qu'il leur rend en retour,
Sa
rue brûle, il lui semble que la ville entière
Se
consume autour de lui et son petit frère.
Est-ce
une autre guerre? Est-ce une nouvelle Troie?
Est-ce
un coup d'état, un nouvel assassinat?
La
réalité lui prend son enfance,
Et
poignarde, égorge son innocence,
Car
c'est des bois que sont venues les flammes
Ces
bois où il n'est plus rien qu'un quidam
Où
il aimait tant jouer étant enfant,
Étant
enfant... il n'y a pas si longtemps.
Il
cache son visage dans une couverture
Une
laine prêtée qu'on viendra lui reprendre
Cherchant
comme un aveugle la couleur azur
Du
trouble et obsure firmament aux pleurs de cendres.
Deux
pianistes auraient des doigts de trop
S'il
ne jouaient qu'avec son si jeune temps
Deux
pianistes qui jouent alegretto.
À
Valaparaiso un quartier est mourant.
Ses
joues brûlées par le Soleil et le Froid
Qu'elle
a subi dans l'air sifflant de Puno
Elle
longe en trébuchant le bord de l'eau
Ce
rivage qu'elle connait depuis des mois.
Une
mèche de cheveux lui voile le front,
La
main qui la repousse est enfantine
Alors
que dans sa paume brille un bonbon
Qu'elle
voudrait vendre aux heures matines.
Un
pianiste aurait quatre ou cinq doigts de trop
En
ne jouant qu'avec ceux qui comptent sa vie
Tragiquement
rien de sonnerait faux
Si
ces doigts n'effleuraient la touche polie.
Les
bras de sa mère le tiennent tout contre elle
Le
visage triste, et la voix un peu frêle
Elle
interpelle lassement les passant
Qui
statufie près d'elle, volontairement.
Elle
n'a pourtant pas les yeux de Méduse
Ses
iris jadis en fleur aujourd'hui fânées
Ne
cachent aucune haine aucune ruse
Simplement
ce doux désir de sérénité.
Un
geste de coûte rien, une pièce ce n'est rien.
Mais
orgueilleux, forts et fiers de leur titre de Romain
Ces
pauvres fuyards prennent l'escalier en hélice
Laissant
s'évaporer seuls une mère et son fils.
Un
pianiste n'userait d'aucun de ses doigts
Cet
ange déchu ne compte que quelques mois
C'était
encor l'automne doré lorsqu'au monde il est né
Qui
sait si ce n'est pas dans les rues que sa mère a crié?
Cet
adolescent sans abri a ton âge
Pourrais-tu
te savoir avec ce visage?
Cette
petite ressemble à ta cousine,
La
vois-tu vendant douceurs et clémentine?
Ce
nouveau-né pourrait-être celui qui naîtra de toi
Supporterais-tu
que son avenir n'ait pas de voie?
Ces
gens nous font sciemment pitié, chacun le dis
Emmenant
leur enfant mendier, de jour et de pluie.
Peu
cherchent et lisent en eux un désespoir:
Qui
userait de son enfants pour une pièce illusoire?
C'est
certes ce que font certains, et c'est méprisable
Il
y en a tellement... infiniment plus misérables.
Ceux-là
ne mentent pas, nous font mal au coeur,
Pour
cela nous les nommons manipulateurs.
Lâchez
vos pianos, et vos mélodies parfaites
Écoutez
donc leurs cris au dehors
Au
de-là des pantoufles sur la moquette,
Ne
laissez pas le malheur éclore!
Gravez
un sourire sur leur lèvres désséchées
Tous
ensemble, on finira pas y arriver
Traitez-moi
de naïve, je revendique ce titre
En
même temps je vous renverse vous et vos pupitre
Le
monde dans lequel je vis est aussi bien le leur
Faîte
de même, tenez à la main votre coeur.
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