dimanche 18 mai 2014

17 mai - Gratte Bitume

Slam de Gratte-Bitume pour la journée contre l'homophobie:
http://gratte-bitume.overblog.com/


Je m'en rappellerai toujours, eux et moi face à face


Ils vont enfin comprendre qui je suis, ça passe ou ça casse


Je m'en rappellerai toujours de ce moment,


Ou je l'ai annoncé à mes parents


Quelques potes étaient déjà au courant


Quand je leur ai dit, j'ai vu leurs regards changer en un instant


Ils ont beau être des gens tolérants


Ça fait toujours bizarre quand on l'apprend


"Les mecs, faut que je vous annonce un truc, je suis homo


S'il y a moyen que vous évitiez de tout de suite passer le mot"


Le coming out, un moment bien particulier


Je pensais pas que tout allait à ce point déraper


Je m'en rappellerai toujours de ce jour de janvier


Ou par centaine de milliers ils battaient le pavé


Avec pour certains une homophobie à peine cachée


On les regardait passer avec une seule envie : les insulter


J'étais avec Julien, assis, sur une pelouse


Les mains entrelacées, on était pepouzes,


Certains ont dit que c'était de la provoc d'être là


Mais qui est-ce qui provoque en voulant choisir nos droits ?


C'est alors qu'ils nous ont aperçu,


Ces quelques nazillons, heureux de nous tomber dessus


Les insultes ont commencé à pleuvoir,


"Pédé cassez vous, vous avez une place à l'abattoir"


Choqués d'être pris ainsi à partie,


Et de les entendre parler comme des nazis


Puis les coups ont commencé à tomber


Je m'en rappellerai toujours de la manière dont ils se sont défoulés


Puis le réveil à l'hôpital, deux côtes cassés


Ainsi qu'une pommette, un poignée et le nez


Cette haine qui émanait de ces gens là


Qui n'essaie même pas de comprendre les gens comme moi


Et puis je me rappellerai toujours de ces remarques quotidiennes


Discriminantes mais qu'on remarque a peine


"Fais pas ta tantouse", "ce mec : quel grosse tarlouse"


J'ai cru que je m'y habituerais, mais ça me mettait le blues


Je me suis toujours senti différent des autres gens


Mais ses attirances, on les choisit pas vraiment


Je les admire tellement les homos qui l'assument pleinement


Je les envie ceux qui sont acceptés par leurs parents


Bien que les miens soient plutôt tolérants


Je sens toujours dans leur regard la déception


C'est pas de moi qu'ils auront des petits enfants


C'est pas grâce à moi que vivra mon nom


Je m'en rappellerai toujours de ce sentiment de faiblesse


Qui jour après jour m'a plongé dans cette infinie tristesse


Je m'en rappellerai de tout ce que j'ai vécu


Mais là j'arrête, c'est fini je n'en peux plus


De cette société qui me rappelle chaque jour


Que c'est pas dans le bon sens que part mon amour


Il parait que j'avais treize fois plus de chance d'en arriver là


Qu'un adolescent hétéro lambda


C'est décidé je m'en vais, emportant mes petits malheurs


Dans l'au-delà où peut-être je connaîtrais le bonheur


Où je serais loin de toute cette rancœur


Pardon à mes proches pour tous vos pleurs


Je suis désolé, j'ai pas su être à la hauteur


J'arrive plus à affronter cette saloperie de peur


De tomber de nouveau sur des petits branleurs


Je me rappellerai toujours que j'ai pas su trouver le bonheur


J'imagine à peine comment ils faisaient, il y a de ça quelques années


Quand elle était considérée comme une maladie l'homosexualité


Quand ce n'était pas un crime, mais quel mal est-ce que ça crée ?


Pourquoi ça a mis autant de temps à être accepté ?


Pourquoi la lutte n'est pas finie ? Pourquoi ils hurlent au nom de la famille ?


Comment ils réagiraient si ça tombait sur leur fils ou leur fille ?


Et si comme moi leurs enfants ne pouvaient faire face


A cette rude intolérance qui me dépasse ?

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