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Je m'en rappellerai toujours, eux et moi
face à face
Ils vont enfin comprendre qui je suis, ça
passe ou ça casse
Je m'en rappellerai toujours de ce moment,
Ou je l'ai annoncé à mes parents
Quelques potes étaient déjà au courant
Quand je leur ai dit, j'ai vu leurs
regards changer en un instant
Ils ont beau être des gens tolérants
Ça fait toujours bizarre quand on
l'apprend
"Les mecs, faut que je vous annonce
un truc, je suis homo
S'il y a moyen que vous évitiez de tout
de suite passer le mot"
Le coming out, un moment bien particulier
Je pensais pas que tout allait à ce point
déraper
Je m'en rappellerai toujours de ce jour de
janvier
Ou par centaine de milliers ils battaient
le pavé
Avec pour certains une homophobie à peine
cachée
On les regardait passer avec une seule
envie : les insulter
J'étais avec Julien, assis, sur une
pelouse
Les mains entrelacées, on était
pepouzes,
Certains ont dit que c'était de la provoc
d'être là
Mais qui est-ce qui provoque en voulant
choisir nos droits ?
C'est alors qu'ils nous ont aperçu,
Ces quelques nazillons, heureux de nous
tomber dessus
Les insultes ont commencé à pleuvoir,
"Pédé cassez vous, vous avez une
place à l'abattoir"
Choqués d'être pris ainsi à partie,
Et de les entendre parler comme des nazis
Puis les coups ont commencé à tomber
Je m'en rappellerai toujours de la manière
dont ils se sont défoulés
Puis le réveil à l'hôpital, deux côtes
cassés
Ainsi qu'une pommette, un poignée et le
nez
Cette haine qui émanait de ces gens là
Qui n'essaie même pas de comprendre les
gens comme moi
Et puis je me rappellerai toujours de ces
remarques quotidiennes
Discriminantes mais qu'on remarque a peine
"Fais pas ta tantouse", "ce
mec : quel grosse tarlouse"
J'ai cru que je m'y habituerais, mais ça
me mettait le blues
Je me suis toujours senti différent des
autres gens
Mais ses attirances, on les choisit pas
vraiment
Je les admire tellement les homos qui
l'assument pleinement
Je les envie ceux qui sont acceptés par
leurs parents
Bien que les miens soient plutôt
tolérants
Je sens toujours dans leur regard la
déception
C'est pas de moi qu'ils auront des petits
enfants
C'est pas grâce à moi que vivra mon nom
Je m'en rappellerai toujours de ce
sentiment de faiblesse
Qui jour après jour m'a plongé dans
cette infinie tristesse
Je m'en rappellerai de tout ce que j'ai
vécu
Mais là j'arrête, c'est fini je n'en
peux plus
De cette société qui me rappelle chaque
jour
Que c'est pas dans le bon sens que part
mon amour
Il parait que j'avais treize fois plus de
chance d'en arriver là
Qu'un adolescent hétéro lambda
C'est décidé je m'en vais, emportant mes
petits malheurs
Dans l'au-delà où peut-être je
connaîtrais le bonheur
Où je serais loin de toute cette rancœur
Pardon à mes proches pour tous vos pleurs
Je suis désolé, j'ai pas su être à la
hauteur
J'arrive plus à affronter cette saloperie
de peur
De tomber de nouveau sur des petits
branleurs
Je me rappellerai toujours que j'ai pas su
trouver le bonheur
J'imagine à peine comment ils faisaient,
il y a de ça quelques années
Quand elle était considérée comme une
maladie l'homosexualité
Quand ce n'était pas un crime, mais quel
mal est-ce que ça crée ?
Pourquoi ça a mis autant de temps à être
accepté ?
Pourquoi la lutte n'est pas finie ?
Pourquoi ils hurlent au nom de la famille ?
Comment ils réagiraient si ça tombait
sur leur fils ou leur fille ?
Et si comme moi leurs enfants ne pouvaient
faire face
A cette rude intolérance qui me dépasse
?
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