Monsieur
le directeur
Monsieur le directeur ne
licenciez pas ma maman,
Je suis un pauvre diable
mais tuez moi si je mens,
Avec mon haleine je
réchauffe mon frère après le bain,
Je vois pleurer ma mère
lorsqu'elle coupe le pain,
Le petit baigne dans ses
chaussures usées et trop grandes,
Le loyer bouffe tout
salaire alors je vous demande,
Qu'elle retourne à son
travail pour se changer les idées,
Dans le salon nous n'avons
plus qu'un radiateur gelé,
Une photo de notre papa,
des tonnes de couvertures,
On coupera bientôt l'eau
et ici s'effritent les murs,
C'est pas une vie, je vous
jure, mais on tient pour le moment,
Je fait cet appel
désespéré, même si c'est insultant,
Certaines fois par
téléphone nous parlons avec papa,
Il nous répète souvent
que jamais il ne reviendra,
Début décembre on a
voulu nous virer de chez nous,
Mais les pompiers
pleuraient car c'est ignoble après tout,
J'ai vu des choses que
j'aimerais tant pouvoir oublier,
Des centaines d'images que
je pourrais jamais raconter,
J'ai peur de confondre le
cauchemar et la réalité,
D'être emporté par les
tentacules de la difficulté,
Certains pensent qu'il n'y
a plus de revendications à faire écouter,
De révolutions ou de
contre-pouvoir à mener,
Cependant, qui n'a jamais
rêvé d'un monde plus juste ?
Non, dîtes-moi,
franchement, qui n'y a jamais pensé au juste ?
Alors pourquoi vivons nous
tous dans cette conformité ?
Doit-on être esclave de
la richesse ou de la pauvreté ?
Au service d'un système
qui parfois nous plaît, parfois nous hais,
On condamne nos proches et
nos voisins, est-ce cela la liberté ?
Il y a trois ans les
indignés étaient sous mes fenêtres,
La presse les a oubliés,
nous a oublié, qu'est-ce qui nous reste ?
Mon encre s'épuise et mes
mots aussi alors je vous dit,
Qu'il n'est pas dur de
lever le nez et de s'entre-aider,
Alors Monsieur Le
directeur, on se voit vendredi,
On parlera de tout et de
rien autour d'un café.
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